Que reste-t-il de cette riche agglomération qui, sous
Charlequint, fut élevée au rang de cité impériale et dont la population
équivalait celle de Paris ou Londres ?
Il est difficile de s’imaginer à quoi pouvait ressembler Potosi
au XVIIe siècle. Le cerro rico, cette montagne autrefois pleine d’argent et
pour laquelle tant d’hommes sont morts, est toujours là, qui domine la ville. Les rues du centre ont conservées leurs
façades coloniales. Les nombreuses églises exhibent toujours aussi fièrement
leur clocher. Et les avenues sont toujours pleines de monde...
Mais probablement que tout ça n’a plus grand-chose en commun avec le temps de la conquista. La colline est devenue stérile, les façades ont vieillies et
les monastères ont vu leur superficie diminuer de trois quart.
Mais c’est sans doute du toit de San Francisco
que l’on peut le mieux se rendre compte de ce qui faisait la cité. Tout y est
plus clair vu du haut… Sous nos pieds, l’Eglise, qui a toujours joué un rôle important
dans la politique locale. Puis, tout
près, le centre ville, autrefois réservé aux espagnols. Tout autour, les
quartiers des mineurs indigènes et ouvriers venus d’Afrique. Et dans le fond,
toujours cette montagne emblématique… rêve pour les uns et cauchemar pour les
autres.
Toutes ces tuiles, moulées sur les cuisses des esclaves, les petites sur celles des indigènes et les grandes sur celles des forçats noirs ramenés d'Afrique |
le centre et la cathédrale |
et les quartiers des mineurs |
Et même la modernité avec
ses fils électriques, ses voitures et ses enseignes lumineuses n’a pas réussi à
effacer cela. Pourtant, ce n’est pas faute d’essayer. Ceux qui y
travaillent le plus, ce sont les bus (encore eux…). La ville est en pente et c’est
dans un vrombissement assourdissant, rehaussé de quelques coups de klaxons et d’une
épaisse trainée de gaz d’échappement que les pauvres colectivos partent à
l’assaut des cotes…Malgré cela, malgré toute la gêne que cela puisse
occasionner, il suffit d’un coucher de soleil pour rendre toute cette pollution
presque acceptable…et parfois même presque belle.
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