La petite ville de Katherine pourrait être agréable si l’on
ne retrouvait pas ce même sentiment trouble que dans les villes du désert. Ce
n’est pas tant l’insécurité qui prédomine, mais plutôt le désarroi. Nous croisons
encore une fois ces groupes d’aborigènes désœuvrés et anémiques un peu partout,
passant leur temps assis dans la rue ou à l’ombre des palmiers et des énormes
manguiers. Il est difficile de décrire cela, mais, bien que l’impression de
rudesse soit atténuée par une nature luxuriante, la ville est comme écrasée par
une lourde chape de résignation qui semble l’asphyxier et l’empêcher de
s’épanouir complètement.
En revanche, les alentours sont merveilleux. Par cette
chaleur, notre obsession est la recherche d’ombre et de coin d’eau pour se
rafraichir. On plonge donc avec plaisir dans les forêts tropicales traversées
de rivières et de cascades qu’offre la région. Seuls problèmes, les inondations
et les crocodiles… les monstres aquatiques sont partout à cette saison et ils
profitent des niveaux élevés des rivières pour remonter les courants jusque haut
dans les terres. Un certain nombre de sites de baignade sont alors interdits
d’accès.
Trois parcs nationaux se partage l’espace entre Katherine et
Darwin : Le Nitmiluk NP, le Lichtfield NP et le plus célèbre, le Kakadu
NP, classé patrimoine naturel et culturel par l’UNESCO.
Nous commençons notre recherche d’eau dans le parc le plus
proche, le Nitmiluk. Nous nous préparons pour 2 heures de randonnée sur le
windolf walk en direction du Southern Rockhole. Il fait très chaud et Morgane
décide ne pas nous accompagner. Comme à notre habitude, il est 14h quand nous
décollons, le pire moment de la journée, là où le soleil est au plus fort. Après
nous être extasiés devant la vue de haut des Katherine Gorges, la randonnée perd
de son intérêt. Les rangers ont allumés des feux de bush peu de temps avant
notre venue, nous invitant à continuer notre marche au milieu de plateaux
désertiques aux arbres calcinés incapables de nous fournir le moindre carré
d’ombre. En plus, nous nous trompons de route et nous nous rajoutons une heure de
marche ! Heureusement des réserves d’eau sont disponibles
régulièrement ! Finalement tout cela vaut tout de même le coup et la
splendeur des chutes d’eau qui s’offre à nous nous fait oublier tout le reste.
Nous avons le bassin pour nous tout seul et profitons pleinement de cet endroit
magique… Ca a du bon de partir aux pires heures de la journée !
Deuxième parc sur notre parcours, le Lichtfield NP. Ici, pas
besoin de longue randonnée pour accéder aux différents points d’eau. Beaucoup
d’entre eux sont le long de la route et très facile d’accès, malheureusement,
beaucoup d’entre eux sont aussi fermés. Nous arrivons tout de même à trouver
quelques spots sympathiques qui ne soient pas à la merci des crocodiles. Pour
le reste nous prenons des photos de loin. Dans tout les cas, ce parc est
vraiment très sympathique, surtout lorsqu’il fait 40°C dehors.
Enfin, après plus de 3500 km depuis Adélaïde, nous voici à
Darwin. Aux premiers abords, la petite ville parait particulièrement charmante.
Nous arrivons le jour de la Saint Patrick et beaucoup de gens sont de sortie en
ville. Les pubs sont pleins à craquer et ça chante un peu partout dans la rue.
Le centre ville, bien que petit, est très agréable et même si le front de mer
est en travaux, il est bon de retrouver l’océan. Ici l’eau de la mer est très
pâle ce qui contraste avec la verdure alentour. Par contre, à part dans
quelques bassins artificiels protégés, il est interdit de s’y baigner.
Bien que cette petite ville paraisse tout à fait charmante,
nous avons toutefois du mal à en profiter pleinement tellement il fait chaud et
humide. Une nuit dans un hôtel nous a permis de nous reposer un peu mieux, mais
cela n’a pas suffit et nous préférons reprendre la route vers la côte est.
Cependant, il nous était impossible de quitter Darwin sans
voir ces fameux “crocs“ dont parlent tous les panneaux d’avertissement. Nous
nous arrêtons donc en chemin pour une petite croisière sur l’Adelaïde River au
cours de laquelle quelques australiens fêlés vont appâter les mastodontes à
coup de bouts de viande accrochés à une ligne. Ceci dit ça à l’air de
fonctionner à tous les coups puisque les crocodiles ne tardent pas à
s’approcher du bateau dès lors qu’ils aperçoivent le morceau de viande saignant
s’agiter au dessus de l’eau. Il faut encore les titiller un peu avant de les
voir sauter. Le crocodile à l’air d’aimer prendre son temps ; Il tourne
une fois ou deux autour de la nourriture qui lui ait offert, la renifle à
l’occasion avant de littéralement s’expulser hors de l’eau dans un puissant
coup de queue et d’arracher son repas dans un claquement effroyable… On
regrettera le coté un peu artificiel de la chose, mais l’expérience est tout de
même impressionnante.
Nous ne ferons pas le parc du Kakadu. Avec les récentes
inondations beaucoup de sites sont fermés et il est toujours autant difficile
pour nous de s’acclimater à la région et à ses moustiques. Nous choisissons
donc, non sans un léger sentiment d’inachevé, de reprendre la route vers la
cote est. Pour cela, il nous faut redescendre dans le désert avant de pouvoir
bifurquer. En effet, les territoires du nord ont été rendus aux aborigènes et
il faut des autorisations et un 4x4 pour les traverser. Pour les autres, la
route vers l’est se reprend 700km plus bas, au niveau de Tennant Creek. Nous profitons
de cette descente pour faire ce que nous avons manqué à l’aller. Nous nous
arrêtons donc à Mataranka, connu aussi comme le pays du “we from the never
never“, livre inconnu chez nous mais grand classique de la littérature australienne,
adapté au cinéma il y a déjà quelques décennies. Pour les autres Mataranka est
aussi célèbre pour ses eaux thermales cristallines. D’ordinaire surpeuplé, nous
avons la chance d’avoir le bassin pour nous tout seul… Un bon moment de détente
avant la longue route qui nous attend !
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