vendredi 29 mars 2013

Jusqu'à Alice Springs: Premiers pas dans l'Outback

Un soleil de plomb, des routes interminables, une terre rouge ponctuée de quelques arbres rachitiques, des aborigènes imbibés, des mouches à foison, des couchers de soleil à couper le souffle et une beauté indescriptible. Voilà qui résume en quelques mots le désert australien.
 
L’Australie n’est d’ordinaire pas réputée comme étant le pays de la demi-mesure, et ici c’est pire… rien n’est à l’échelle humaine. Les distances prennent un autre sens et la notion de kilomètre devient dérisoire: On se surprend alors à compter en "jours de route". Les paysages aussi prennent une autre dimension tellement ils sont vastes. Les vues, dégagées sur des dixaines de kilomètres, offrent de magnifiques panoramas, malheuresement souvent entachés par  des carcasses de voitures et des poubelles abandonnées sur le bas-coté. Au départ, à la sortie de Port Augusta, se sont les vestiges asséchés de grands lacs salés, bordés de terres ocre et d’herbes rases, qui composent le décor. Puis, très vite, les étendues claires disparaissent et cèdent la place aux cailloux et aux immensités arides. Ce paysage ne changera plus pendant les 1000 km suivants...
 



 
De temps à autres, une station service, servant aussi de bar, de restaurant, de motel, de camping et à l’occasion de garage, vient ponctuer le trajet. Les intérieures de ces roadhouses sont souvent très spéciaux. Héritage des routiers qui avaient pour coutume de laisser sur le mur un petit billet pour leur prochain passage, les intérieurs se retrouvent aujourd’hui saturés de babioles en tous genres, laissée par les usagers en souvenir de leur venue. C’est très chargé, mais pas complètement dénué de charme… et c’est toujours drôle à regarder en buvant son café.
 
 
Côté circulation, pas de soucis… Ce ne sont pas les trois voitures à l’heure qui passent là qui vont créer des problèmes. Même les road-train, ces énormes camions trainant derrière eux trois ou quatre remorques (ce qui fait quand même 58 pneus sur le même véhicule !), ne sont pas un problème puisque,  sur des routes rectilignes avec une visibilité sur plus de 10km, ils sont faciles à dépasser. Le seul réel danger sont les animaux, et particulièrement les kangourous qui, la nuit tombée, aiment à se réchauffer l’arrière-train sur l’asphalte encore chaude ! Ici, la nuit, tout les kangourous sont gris…et chaque matin, les bords de route sont garnis de nouvelles carcasses... Les vautours se chargent alors de faire disparaitre les traces du massacre!!!
 


 
Le temps de nous habituer à tout cela et nous voici à Coober Pedy, petite ville minière à 700km au nord de Port Augusta. Hors du temps et sans aucun charme particulier, la petite bourgade reste pourtant interréssante à voir, ne serait ce que pour expérimenter le sentiment de bout du monde qu'elle procure. De plus, elle présente quelques intérêts touristiques puisque, non-content de travailler sous la terre, à creuser des galeries pour aller chercher la précieuse opale, les habitants du coin ont aussi choisi d’enterrer leur maisons et leurs monuments. Ainsi, à l’abri dans la montagne, les habitations, comme les églises et les magasins conservent une température de 25°C toute l’année, de jour comme de nuit… ce qui est plutôt bien vu étant donné la chaleur extérieure. Tout cela fait que finalement il n’y a pas grand monde dehors, excepté quelques aborigènes plus enclins à supporter le soleil.
 





 
Ceci dit, on ne pas dire que nous ayons réellement souffert de la chaleur. C’est vrai qu’il fait très chaud, mais à part quelques sorties de temps à autre, nous passons la plus grande partie du trajet dans la voiture, soutenus moralement par l’air conditionné. Coté nuits, les guides ont tendance à exagérer quand ils assurent que celles-ci sont froides… Nous ne savons pas pour le reste de l’année, mais en tout cas pour le mois de mars, elles sont fraiches tout au mieux, pour ne pas dire tièdes… Mais l’écart de température entre le jour (39°C) et la nuit (25°C) fait tout de même apprécier la venue du crépuscule, surtout lorsqu’il s’accompagne d’un superbe coucher de soleil. Le désert, plutôt éblouissant la journée, se teinte de douceur sous la lumière tombante. La terre se mélange alors avec le ciel dans un tourbillon rougeoyant au devant duquel se détachent en ombres chinoises les silhouettes décharnées des arbres. On retrouve un spectacle similaire le petit matin, au lever du soleil. Le tableau est moins contrasté, mais la douceur de l’air associé à celle de la lumière font apprecier les réveils, pourtant bien matinaux. Enfin, les nuits en elle-même, profitant de l’isolement pour dévoiler toutes les étoiles du ciel, sont elles aussi magiques.
 


Pour résumer, les paysages du désert australien sont tout simplement splendides, de jour comme de nuit... Seul hic dans tout ça: les mouches. Elles sont toujours là, par milliers, à nous tourner autour, avec comme seule obsession, nous rentrer dans la bouche, les narines ou les oreilles. Un bourdonnement incessant nous suit toute la journée dès que nous tentons un pied en dehors de la voiture… Elles ne s’arrêtent de tourbillonner qu’une fois la nuit tombée et reprennent de plus belle le matin, gâchant un tantinet le spectacle.
 
Après Coober Pedy, le paysage change un peu. La dominante minérale reste la même, mais l’activité minière a fait pousser une multitude de petits monticules de terre sur chaque coté de la route, comme aux alentours d’un marais salant.
 

 
Puis vient ensuite la région du Red Center, le cœur de l’Outback, là où la terre n’attend plus le coucher du soleil pour s’empourprer. Les chameaux sauvages prennent la place des kangourous... Nous ne sommes plus très loin d’Uluru et pénétrons alors dans les terres sacrées aborigènes.
 
 

Jusqu'à Port Augusta, aux portes du désert

Sortis des montagnes des Grampians, nous revoilà dans la savane. Nous traversons à nouveau les grands champs de blé, jusqu’à retrouver la mer.


Un arrêt dans la petite station de Beachport nous offre alors l’occasion d’une petite baignade dans les eaux rafraichissantes de l’océan. Ce sera probablement la dernière avant un petit bout de temps. En effet, nous faisons route vers le désert et, même si avant d’y arriver, nous avons prévu de longer la mer un petit moment, il n’est pas forcement évident de se baigner sur cette côte.


 
















Jusqu’à Adélaïde, la route longe une sorte de lagune plus ou moins asséchée, séparée de l’océan par une longue dune sablonneuse. C’est à cet instant du voyage que les commentaires des guides touristiques sur la monotonie des routes australiennes prennent un sens pour nous. Même les quelques lacs au loin, pourtant colorés de rose et de violet, ne suffisent pas à enrayer le sentiment de lassitude.


 
Ce n’est qu’en arrivant dans la péninsule d’Adelaïde que nous commençons à réapprécier le paysage. Même si la région n’est qu’une étape pour nous, il est bon de rerouver l'espace d'une journée les vignobles et les grandes prairies verdoyantes.


Adelaïde en elle même ne semble pas désagréable, mais nous n’y restons que le temps d’une visite au musée. Un dernier rappel sur les croyances et l’artisanat aborigènes s’impose avant de pénétrer dans leurs derniers bastions que sont l’Outback et la région de Darwin ; d’autant plus que la galerie d’Adelaïde est l’une des plus réputée du pays.
 















Après ce bref passage en ville, nous voilà replongé dans les langueurs du golf St Vincent. Quand ce ne sont pas les anciens lacs salés asséchés qui bordent la route, ce sont d’interminables plages mornes recouvertes d’algues mortes. Même la mer semble ne plus vouloir venir jusqu’ici, au point qu’il faille construire des pontons immenses pour aller la chercher.
 




 





















Seuls les pécheurs semblent y trouver leur compte. Un soir, alors que nous plantions nos tentes sur un camp-spot du bord de mer, nous nous virent offrir une douzaine de crabes frais par un pêcheur chanceux qui en avait ramassé plus que ce qu’il lui fallait… Voilà qui nous changeait un peu des pates et des boites de thon ! Moralité, même les coins les plus reculés regorgent de bonne surprise!

 
 Au bout de ce long trajet, la petite ville de Port Augusta. Nous voilà aux portes du désert. L’océan avait déjà tendance à se faire plus discret dans la région, mais c’est ici qu’il rend les armes. Il subsiste en fond une certaine ambiance des villes côtières à Port Augusta, mais déjà la terre presse à reprendre ses droit. Cette dualité se voit aussi dans la population ; alors que jusque là nous avions beaucoup entendu parler des aborigènes sans jamais les voir, voilà qu’ici ils se font plus présents. Deux mondes s’entrechoquent dans la petite ville et nous apprêtons de passer de l’un à l’autre. A la sortie de la ville un panneau routier indique deux directions : Perth à gauche, Darwin tout droit… Nous prenons tout droit ! Un autre voyage s’ouvre alors à nous…



jeudi 21 mars 2013

Petit détour par le Grampian National Park

Dans l’immensité des champs de blé, se dressent deux montagnes à l’horizon. Cela fait environ deux heures que nous avons quitté la côte et que nous roulons à travers champs. La route est parfaitement droite et bordée d’un vaste océan jaune dans laquelle les blés dorés se confondent avec les hautes herbes grillées par le soleil. Malgré les quelques arbres qui s’évertuent à animer le paysage, rien y fait, tout parait parfaitement plat. Même la chaine de montagne au loin semble manquer de consistance au milieu de cette infinie savane.
 
 
Ce n’est qu’en arrivant dans le parc que l’on se rend compte que le « mont abrupt » porte bien son nom et que les différents sommets qui constituent les « Grampians » n’ont rien de ridicules. Ici, la végétation reprend ses droits et les vastes plaines dorées ne sont plus qu’un paysage que l’on admire de haut. On se plait alors à marcher au milieu des canyons ou à travers la forêt à la recherche de cascades rafraichissantes (même si la baignade est interdite). La faune profite aussi de cet oasis de verdure et même si les espèces sauvages ne sont pas forcement évidentes à apercevoir, il est toujours amusant de croiser des emus (sorte d’autruche) au milieu d’une station service ou de manger avec les kangourous.
 








 





















L’abondance de l’eau et la diversité de la faune et la flore ont naturellement favorisées l’installation de tribus aborigènes dans le parc. Mais au-delà du simple habitat, ces montagnes sont aussi un lieu sacré pour ces populations. A l’instar du célèbre Uluru, les Grampians sont un point de départ de la création du monde. Sortis du rêve du serpent arc-en-ciel, les ancêtres magiques des aborigènes locaux seraient partis de ces montagnes pour créer les lands alentours. Modelant le paysage et engendrant les différentes espèces animales et végétales au fur et à mesure qu’ils cheminaient, ils offraient ainsi nourriture et protection à leurs descendants. Les peintures rupestres éparpillées à travers le parc témoignent de cette occupation précoce (à peu près 30 000 ans selon certaines sources) et du caractère sacré de certains lieux.

 
Agréable et instructif, notre détour par les Grampians nous aura fait du bien.


La fameuse Great Ocean Road

Après quelques jours à Melbourne, nous voici à nouveau sur la route, toujours à quatre, en direction d’Adelaïde.

 
Nous commençons notre trip par la Great Ocean Road. Cette portion de route de quelques centaines de kms sépare les villes de Torquay et Warrnambool. Elle se divise en deux parties ;  la première se caractérise par de grandes plages de sable fin squattées par les surfeurs et la seconde, plus minérale, est constituée de falaises abruptes et de criques isolées. Toute cela est vendue par les australiens comme étant la plus belle route côtière au monde. Ceci pourrait éventuellement être vrai si, comme à chaque fois que l’on empreinte une route au bord de l’océan, il ne pleuvait pas. En effet, pas de chance pour nous, notre voyage commence sous la pluie et les étendus de sable prennent une teinte terne, écrasées par la lourdeur du ciel gris. Pas d’eau étincelante venant s’échouer sur les plages dorées pour nous… seulement des paysages vaporeux, toujours charmants, mais un peu plat. Enfin, le mauvais temps ne semble pas décourager les surfeurs qui trouvent toujours quelques avantages dans les caprices de la météo.
 





 









Passé la ville de Lorne, nous faisons une petite halte dans le microscopique village de Kennett River. Ici, en plus des oiseaux, ce sont les koalas qui font l’attraction. Une petite colonie de ces étranges petites bêtes a élu domicile dans les eucalyptus du coin et ne semble pas vouloir en bouger malgré le flot de touristes. Trop occupés à choisir entre manger et dormir, rien ne semblent les perturber, même pas une petite chatouille au coin du dos.







 












Apollo Bay ; les plages de surf se font plus rares et laissent la place aux falaises calcaires. De même, le vent se fait plus fort, chassant les nuages au prix de quelques degrés en moins. C’est dans ces conditions que nous attaquons la dernière partie de la Great Ocean Road, alors jalonnée de plusieurs sites remarquables, façonnés par les attaques combinées des vagues et du vent. La mer semble déchainée dans cette partie de l’Australie et les pauvres falaises de calcaire se découpent petit à petit, perdant du terrain sous les assauts de l’océan.

 
La première des curiosités est  la célèbre baie des 12 apôtres. Même si le compte n’est pas bon, les immenses pitons rocheux plantés au devant de l’océan ont quelque chose de majestueux et solennel qui collent assez bien avec leurs noms bibliques. La météo, encore vacillante, ne permet pas d’apprécier toute la démesure de l’ensemble et, sous ce vent froid, le paysage prend parfois des allures de côtes normandes (cf : Etretat), en plus grand et en plus haut toutefois !!!



 















Vient ensuite la curieuse crique de Lochard Gorge. Comme un petit bassin naturel ouvert sur l’océan par un étroit passage, ce lieu magique servit d’abord de refuge à quelques marins échoués avant de devenir une attraction touristique. A l’abri sous les grottes de derrière la plage, les pauvres naufragés de l’époque avaient probablement trouvé les lieux beaucoup moins charmant que nous !
 



 
Après les arches naturelles de The Arch et du London Bridge, c’est la splendide Bay of Islands qui vient conclure la route. Victime de la violence de l’océan, la côte à cet endroit se découpe en dents-de-scie, laissant échapper quelques morceaux de rocher. Le soleil à enfin gagné la partie et les petits ilots solitaires prennent une nouvelle dimension au dessus d’une mer bleue azure.











Dommage que nous devions quitter la côte maintenant !