D’Hanoi nous partons pour une excursion de 2 jours dans la
région montagneuse de Lao Cai. Aux portes de la Chine, cette cité constitue le
terminus ferroviaire du nord Vietnam et c’est de là que partent ensuite les bus
pour Sapa ou Bac Ha.
Et oui... en face c'est la Chine |
Beaucoup de communautés ethniques différentes vivent dans
cette région. On retrouve parmi les plus nombreux les Hmong, les Dzao ou les
Tay. Mais la répartition de ces peuples ne suit pas les frontières actuelles et
l’on en retrouve certains en Chine, au Laos et au nord de la Thaïlande. Pour
les ethnologues, ces minorités se caractérisent principalement par leurs
origines et leurs appartenances linguistiques. Pour le commun des mortels,
c’est principalement leurs vêtements qui permettent de les différencier,
surtout celui des femmes, typique à chaque groupe et même sous-groupe. En
effet, certaines de ces ethnies sont constituées de sous-famille et les Hmong
sont par exemple subdivisés en Hmong noirs, verts, blancs ou fleuris… tout ceci
en fonction de la couleur de leur costume. Autant dire que l’art textile est d’une
très grande importance ici.
Les alentours de Sapa sont surtout habités par les Hmong noirs.
Ces derniers vivent principalement de la culture du riz qu’ils cultivent en terrasse
à flanc de montagne. Accompagnés d’une petite armée de femmes hautes comme
trois pommes, nous partons sous la pluie pour un trek de quelques heures dans
cette vallée majestueuse faite de pierre, d’eau et de boue. Nous commençons par
traverser les champs de maïs, plantés en haut des collines car moins gourmands
en eau, avant de descendre peu à peu dans les rizières. Au mois de mai, c’est
la période de plantation du riz, pour une récolte en Aout. Ainsi, les coteaux
ne sont pas encore verdoyants comme sur les photos traditionnelles et c’est le ciel gris qui
domine, se reflétant sur les eaux stagnantes des terrasses encore vierges.
Quelques pousses apparaissent déjà sur les parcelles les plus précoces mais,
globalement, le temps est aux travaux de labourage et à la réfection des
terrasses.
Au cours de cette randonnée, nous traversons quelques
villages aussi simples que surprenants. Il n’y a pas toutes les commodités que
l’on peut trouver en ville et les rizières qui encerclent ces petites maisons
de bois doivent probablement rappeler à leurs habitants la dureté de leur
quotidien. Pourtant, les gens ne semblent pas malheureux. Les hommes
travaillent aux champs, les femmes aussi quand elles ne s’occupent pas des bébés
ou qu’elles ne tiennent pas les boutiques. Et les enfants se regroupent dans
les rues caillouteuses pour guider à coup de brindilles un gros buffle placide
vers l’étable. A l’exception des jeunes enfants à qui l’on a appris à faire les
yeux larmoyants pour apitoyer l’éventuel acheteur, notre défilé touristique ne
semble intéresser personnes. Seules nos petites suiveuses restent préoccupées
par notre confort… Et pour cause, elles finissent par se jeter littéralement
sur nous à la fin du voyage essayant de nous aire acheter quelques broderies.
Une marchande par touriste, le compte est bon… Difficile de dire non !
Ceci dit l’artisanat des Hmong noirs est
particulièrement fin. Traditionnellement, les femmes fabriquent elles même
leurs vêtements. Teintées de noir et de bleu, leurs habits traditionnels se
composent d’une longue tunique resserrée à la taille par une ceinture et d’une jupe.
D’autres accessoires tels qu’un chapeau, une écharpe ou des bandes de velours
aux jambes peuvent venir compléter la panoplie en fonction de la météo. Tous
ces vêtements sont rehaussés de lanières et de broderies vertes, blanches et
rouges. Ces dernières sont réalisées à la main, séparément, et cousues au
vêtement de manière à le personnaliser. Il ne s’agit pas forcement d’habits d’apparat
pour ces femmes et la plupart d’entre elles les portent tous les jours pour
aller travailler. Leurs broderies ont d’ailleurs beaucoup de valeur à leurs
yeux et elles ont coutume de les réemployer quand l’ancien vêtement est trop
usé.
On retrouve aussi sur les vêtements Hmong d’envoutantes
pièces de tissus bleues embellies de motifs géométrique extrêmement fin,
apparaissant en filagramme. En réalité, le dessin est réalisé en premier, à la cire d’abeille,
sur le drap encore blanc. Puis l’étoffe est teinte en bleu avant d’être mise à
bouillir pour éliminer la cire. Les morceaux de tissus sont ensuite découpés et
apposées sur les habits.
Ce bleu profond et si particulier est obtenu à partir des
feuilles d’indigo. On retrouve des plantations de cette plante un peu partout
dans la montagne. C’est la base de la teinture des Hmong noirs. Il suffit
seulement d’ajouter des feuilles d’indigo fraiches à la fin du processus de
teinture en bleu pour atteindre le noir des vêtements qui a valu son nom à
cette ethnie si particulière.
Que ce soit les vêtements ou les draperies, tout cela est exposé
au marché de Sapa. Il est sympathique de se promener dans les rues de cette
petite ville entourée de montagne. Bien que l’on soit très proche
géographiquement des villages de cultivateurs, on a l’impression d’être ici dans
un autre monde. La ville, tout à fait charmante, a sous certains aspects des
airs de stations de ski… On s’y sent bien malgré la pluie et nous serions bien
restés une ou deux journées de plus pour profiter d’avantages des alentours.
A Bac Ha, le grand marché du dimanche est une institution.
Les Hmong noirs deviennent minoritaires et ce sont plutôt leurs homologues
fleuris qui s’imposent. On les identifie facilement avec leurs costumes aux teintes orangés et
aux motifs floraux. Mais d’autres ethnies, plus discrètes, font aussi le
déplacement jusque là pour vendre leurs productions.
C’est un grand Capharnaüm… Ca se bouscule et ça discute
beaucoup au devant des étals. Tous les recoins de la ville sont investis et il
est plutôt difficile de s’y retrouver au premier abord. Après avoir fait un
petit tour on se rend compte qu’il y a tout de même une logique dans tout cela
et on commence à prendre ces repères. La place centrale est consacrée aux
produits frais et à la nourriture. Autour, ce sont plutôt les stands d’étoffes
et de produits artisanaux destinés aux touristes qui dominent alors qu’en
périphérie on retrouve les animaux et les outils usuels. On se promène
allègrement dans tout ça, toujours guidé par les sons, les odeurs et les
couleurs si différentes de chez nous. Dommage que le village soit si loin de
Lao Cai… Il nous reste tout juste assez de temps pour aller visiter un autre
petit village traditionnel et il est déjà temps pour nous de repartir.
Ce week end dans le nord du Vietnam était vraiment magique
et très instructif. Pour une histoire d’organisation, nous sommes partis avec
un groupe. Mais si nous avions vraiment su tout ce qui nous attendait ici, nous
serions venu par nos propres moyens et aurions certainement pris plus le temps
de profiter de chaque lieu et de chaque instant ; d’autant plus que la
région commence à s’ouvrir et qu’il est très facile d’y accéder et d’y
séjourner.
Merci pour cet article autour du monde. Vos photos sont vraiment jolies!
RépondreSupprimerOn aime l'esprit ethnique qui s'y dégage...
Très beau sites et intéressant. Merci bien. Ça donne envie d'y aller :)
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