mercredi 17 juillet 2013

Les rues de Hanoi

Etrange ville que Hanoi… Capitale du pays, elle exhibe et revendique une identité qui lui est propre en intégrant et en assimilant les éléments de son passé en fonction de ses besoins et de ses envies. Ici, tout semble établi depuis des siècles. Alors qu'on sent Saigon partagée entre ses origines orientales et son désir de se développer à l'occidentale, Hanoi, au contraire, assume complètement son caractère asiatique, avec tout ce que cela implique en terme de saveur, de couleur, de bruit, d'emcombrement, de vétusté... 

Il n'y a pas beaucoup de batiments modernes ici, tout y est plus ou moins vieux et la ville semble souffrir d'un manque évident d'espace. Il suffit de prendre le train pour s'en rendre compte, tant ce dernier peine à sortir de la ville, encerclé par des maisons dont l'entrée donne directement sur la voie.

Mais, à coté de ça, Hanoi est une cité marchande qui dégage une formidable impression de vie et d’indépendance. Les rues débordent d'énergie et ne cessent de gigotter et de jesticuler, comme pour échapper à ce cadre architectural étriqué. 
 
 
 
Dans le centre historique par exemple, les rues sont étroites et toujours encombrées. Passé 8h du matin et ce jusqu’à 20h, il est quasiment impossible de marcher sur les trottoirs tellement il y a de scooters garés. Sinon ce sont les tables des restaurants de rue, les étals des marchands ambulants, les poubelles laissées à même le caniveau ou les encensoirs fumants destinés aux cultes des ancêtres qui gênent le passage. Les énormes arbres qui bordent les rues constituent aussi des obstacles. Probablement plantés là pour apporter de l’ombre (ce qui est une très très bonne chose), ils sont aussi responsables du soulèvement de la chaussée et des dalles branlantes fatales au marcheur inattentif. Finalement, avec tout cela, on ne met quasiment plus un pied sur les trottoirs. Bien qu’il ne soit pas plus agréable de se faire raser de près par les innombrables scooters ou de se faire klaxonner au moindre écart, nous n’avons pas vraiment d’autres choix que de marcher directement sur la route.
 


 
Les rues du centre sont toutes bordées de boutiques, signe d’une activité marchande de longue date. Au départ, ces « 36 rues » historiques étaient attribuées par congrégation et chaque corps d’artisanat venait vendre ces produits dans l'artère réservée à sa guilde. Aujourd’hui tout est beaucoup plus mélangé et l’on retrouve de tout un peu partout. Certains corps de métier comme, les miroitiers, les vendeurs de bambous ou les marchands de meuble ont toutefois su garder un coin de rue à eux, comme en souvenir de ce découpage ancien. Ainsi, lorsque l’on se promène dans ces quartiers, on est toujours subjugué par ces étranges boutiques, profondes et grandes ouvertes sur la rue, desquelles jaillissent toujours tout un tas de choses.  Quand ce ne sont pas les couleurs vivent des vendeurs de soie qui attirent l’œil, ce sont les coups de ciseaux d’un ébéniste en train de sculpter un meuble ou les curiosités dorées d’un magasin d’ex-voto qui nous interpellent. Parfois, mélangée aux effluves de soupe et d’encens, c’est une odeur de peinture ou de vernis qui s’échappe d’une fenêtre. Ainsi, entre les problématiques de circulation et les appels sensoriels des boutiques, notre attention est constamment mise à rude épreuve. On se laisse facilement transporter par la ville, passant d’une rue à l’autre dans un mouvement presque mécanique, au gré des couleurs, des sons et des odeurs et l’on ne reprend conscience qu’au bout de quelques mètres, se rendant compte qu’on est perdu au milieu de ce dédale. 
 

 
Finalement on fait très peu attention à l’architecture des bâtiments qui nous entourent. D’une part, parce que la plupart d’entre eux n’ont rien d’extraordinaire et d’autre part parce qu’ils sont généralement dissimulés derrière des enseignes de magasins, des feuillages et des câbles électriques. Les seuls édifices réellement identifiables du bas de la rue, ce sont les temples. Le reste est noyé dans la masse. Il faut alors lever la tête ou monter sur les terrasses supérieures des restaurants pour ce rendre compte de la beauté de certaines demeures. Il reste en effet quelques trésors de l’architecture coloniale dans le centre et, à coté des maisons tubes aux murs ternes et aux balcons grillagés se détachent quelques bâtisses aux couleurs jaunes et aux façades hausmanniennes. Au caractère plus ancien que Saigon, Hanoi dispose de plus de charme et ce malgré un mélange architectural un peu brouillon.
 
 
 
Autour de la vieille ville, les choses sont beaucoup plus strictes. Derrière le lac, au sud, c’est le quartier colonial, avec ses grandes avenues rectilignes longées de galeries de luxe, qui occupe le terrain. Près de l’opéra se dressent de belles bâtisses à la française transformées en siège administratifs. Plus chic et plus aéré, ce quartier aux airs d’occident contraste beaucoup avec le reste de la ville. On retrouve aussi un peu de cela au nord de la cité, dans le quartier gouvernemental. Ici, les rues, interdites à la circulation, sont larges et très peu ombragés, créant de grands espaces vides au bout desquels se dressent généralement un bâtiment officiel. Là aussi, le contraste avec la vieille ville est saisissant.
 
 
Sortis de ces zones un peu particulières, le reste de la ville n’est qu’une succession d’ateliers et de boutiques. Le négoce et l’artisanat tiennent une place très importante ici. On retrouve d’ailleurs en banlieue de Hanoi des villages dit « de métiers ». Ceux ci ont aussi tendance à disparaitre du fait de l’industrialisation, mais il reste encore quelques grands pôles où il est possible de voir les artisans travailler la soie, la pierre ou l’argile. Il existe aussi de grands ateliers qui mélangent plusieurs pratiques : A Bac Ninh par exemple, on retrouve dans le même complexe des activités différentes telles que la broderie de soie, la sculpture sur marbre et la laque. Tous les artisans de cette institution souffrent de  handicaps et les métiers d’art sont pour eux une forme d’insertion.
 
 
 
 
Riche en matières premières le pays a développé une forme d’Art particulièrement élaboré. Inspiré de motifs chinois, indiens, ou bouddhistes, l’art tradionnel du Vietnam s'exprime de façon très fine à Hanoi.  

Quelques artistes modernes, peut être un peu plus influencés par l'art occidental, cherchent aussi de nouvelles formes d’expression; sans pour autant se détacher de leurs modèles, ils tentent de donner à leur culture de nouvelle perspective. Mais, même si l'on trouve quelques traces de cela à Hanoi, c'est plutôt à Ho Chi Minh que cette tendance artistique s’exprime le plus. 

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