mardi 23 juillet 2013

Bangkok II le retour

Nous revoici à Bangkok pour la deuxième fois de notre trajet, mais, cette fois, nous ne sommes plus tous les deux : Aurélie est venue nous rejoindre pour trois semaines. Avec elle, nous avons prévu de rester quatre jours dans la capitale thaïlandaise avant de rejoindre le Vietnam en traversant le Cambodge.
 
Notre aventure en trio commence donc ici, à Kaosan Road. Nous avons pris un hôtel dans ce quartier proche du centre, afin de mieux profiter de la vieille ville, de ses temples, de son palais et de ses canaux. Lors de notre premier passage, nous avions volontairement laissé de coté le centre historique pour découvrir plus tard les monuments avec Aurélie. Bien que ces derniers soient déjà imposants lorsqu’on les voit de l’extérieur, ils sont encore plus spectaculaires de l’intérieur.
 
 
Le palais royal est incomparable et surtout la section réservée aux temples. Au centre d’une immense cours gardée par des monstres grimaçants et hantée d’une multitude d’êtres légendaires, se dresse le somptueux temple du bouddha d’émeraude. De tous les artifices du faste royal qui sont développés là, ce sont les mosaïques d’or qui en impose le plus. Eblouissantes, elles enveloppent de lumière les murs de l’édifice, accentuant la majesté du lieu. Autour, les stupas dorés et les terrasse de marbre, tout aussi aveuglants, achèvent nos rétines. Seuls les douces couleurs des fresques mythologiques peintes à l’ombre du portique encerclant le complexe, permettent de laisser nos yeux reposer. Tout ici est majestueux, clinquant et imposant… En d’autre terme royal !
 


Il en va de même pour les gros complexes religieux alentour. Que ce soit l’immense Bouddha couché du wat Pho ou l’abrupte escalier du stupa coloré du wat Arun, tout n’est ici que richesse et démesure.



Il faut aller à Chinatown pour retrouver l’ambiance populaire des villes asiatiques. Véritable labyrinthe sombre et étriqué, le marché indien dégueule de tissus coloré et d’épices exotiques aux senteurs exquises, alors que, quelques rues plus loin, les arcades du marché chinois commencent à se vider. Nous sommes en fin d’après midi et les commerçants remballent peu à peu leurs marchandises, désertant les passages habituellement saturés en y laissant derrière eux des monticules d’ordures malodorantes… Les éboueurs passeront un peu plus tard, après que les plus démunis y aient débarrassé les quelques cannettes et bouteilles en plastiques qu’ils pourront revendre aux entreprises de recyclage. A cette heure là, ce sont les stands de nourritures qui ont la faveur des passants.
 


Enfin, ce second passage en ville fut aussi pour nous l’occasion de tester un peu plus longuement la vie nocturne de Bangkok. Laissant de coté les clubs branchés et les rues grivoises de la banlieue, nous sommes surtout restés autour de Kaosan Road et de ses pubs. Il parait que Bangkok s’assagie avec le temps, laissant derrière elle la drogue gratuite et les excès en tout genre. Cependant, une ville aussi folle ne se refait pas du jour au lendemain et son caractère cosmopolite lui interdit formellement de se coucher de bonne heure. Ainsi, quelques rues bondées, éclairées aux néons, se font les ambassadrices de cette vie nocturne devenue légendaire. Ainsi, les magasins laissent leur stands déborder sur la chaussée bien au-delà du couché du soleil, les pubs se chargent de l’ambiance musicale à grands coups de concerts live tandis que les restaurants font le plein. Sur le pavé, les touristes de passage se mêlent aux expatriés et aux locaux, chacun tentant de se frayer un chemin entre les artistes de rues, les vendeurs ambulants et les chariotes de nourriture qui, en plus des fritures traditionnelles, proposent aux plus curieux quelques mets rares tel que le scorpion grillé ou la salade de criquets… Si l’on aime le bruit, le monde et la bière, Kaosan road est très plaisante, de jour comme de nuit. Il n’y a qu’au petit matin qu’elle n’est plus vraiment belle à voir… Comme ses clients, elle a la gueule de bois et se remet difficilement de ses folies de la veille. Là aussi ce sont les éboueurs qui s’affairent à lui rendre un semblant de dignité, tandis que les moines, silencieux, s’adonnent à leur lente aumône quotidienne.
 
 
Voilà, nos impression sont confirmées: Bangkok est vraiment une ville surprenante, à la croisée de plusieurs mondes. Après ce nouvel aperçu des ses charmes, il est temps pour nous de repartir, direction le Cambodge…

 

samedi 20 juillet 2013

10 jours à Luang Prabang

Voila une étape qui fait du bien après notre mésaventure… Nous n’avions que 11 jours pour visiter le Laos, nous en avons passé 10 à Luang Prabang.
 
Séduits par le calme de la ville et par la beauté de ses rues, nous ne sommes pas allés plus loin. Pris par le rythme lent du Mékong et de la Nam Khan, nous prenons doucement possession de la cité en commençant par l’artère principale et ses hauts temples dorés, puis, nous nous engouffrons ensuite dans les petites rues transversales étroites et ombragées pour finir sur les berges fleuries.
 

A cette époque de l’année, la petite ville vit sereinement, bercée par le bouddhisme et la météo… Nous sommes hors saison ; les touristes sont peu nombreux et beaucoup de commerces sont fermés pour les vacances. Mais ceci n’empêche pas les moines de se lever tôt et, dès l’aube, ce sont eux qui ouvrent la journée par leurs lentes et silencieuses aumônes. Ensuite, c’est sur le marché que les choses se jouent et tous les habitants de la ville se retrouvent là pour à leur tour récupérer leur nourriture de la journée.  Vers 9h00, les touristes commencent à sortir en même temps que les tuc-tuc qui profite de l’occasion pour tenter de vendre leur tours sur les sites voisins au plus de clients possible. Le soleil monte alors dans le ciel et il est vite l’heure de passer à table avant que se vide la ville. Comme au Vietnam, la vie urbaine connait un moment de torpeur aux heures les plus chaudes ; les échoppes restent ouvertes, mais les tenanciers ne semblent pas enclins à recevoir trop de monde et il faut attendre 15h pour que l’activité reprenne. Touristes et tuc-tuc se retrouvent à nouveaux pour de longues parties de négociation. Pendant ce temps, le marché du soir commence à s’installer. Le préposé à l’électricité tire de chaque coté de la rue principale un long câble ponctué de multiprises auxquelles les commerçants viennent se raccorder. A 17h, alors que jour commence à baissé, la voie est coupée à la circulation et chacun peu commencer à déambuler entres les étales de tissus et de souvenirs pour choisir ce qu’il lui conviendrait d’acheter. Vient ensuite le temps du marchandage et, quand celui-ci n’est pas interrompu par l’un des violents orages du soir, celui des bonnes affaires. En effet, les objets vendus sur le marché de nuit sont en général de bonne facture et les laotiens sont beaucoup moins durs en affaire que les vietnamiens : du coup, en ce qui concerne les produits ethniques (communs au Vietnam, au Laos et à la Thaïlande), mieux vaut faire ses achats ici. La journée se finit généralement à la terrasse d’un restaurant, devant un plat typique et une bonne bière, pendant que la pluie se charge de rafraichir l’atmosphère. Capitale religieuse, Luang Prabang se prête mal aux nuits endiablées et, pour ce qui est de faire la fête, c’est plutôt chacun chez soi… du coup les nuits sont douces et plutôt calmes, propices au repos !
 









 
D’une manière générale la ville est reposante. Contrairement au Vietnam, les routes ne sont pas la propriété des rugissants scooters ; les coups de klaxon sont plutôt rares et l’on ne risque pas sa vie à chaque fois qu’il nous prend l’envie de traverser la rue. Les laotiens sont eux même plus calmes et plus discrets que leurs voisins orientaux. De ce point de vue, ils sont plus proches de leurs autres voisins thaïlandais. D’ailleurs, l’architecture des temples est aussi plus proche de celle de la Thaïlande :   Fini les basses constructions chinoises. Ici, nous retrouvons les hauts temples aux frontons dorés et aux tuiles vernissées rouges, jaunes et vertes. Sur les toits, les nagas (serpents mythologiques à 7 têtes) remplacent  les dragons et, à l’intérieur, les bouddhas d’or reprennent de nouveaux leurs air méditatifs. Même chose dans la rue où les tuc-tucs, inconnus au Vietnam, refont ici leurs apparitions. Bref, bien que frontalier, le Laos et le Vietnam ne se ressemble pas...
 


Plutôt que de faire les usuelles ballades dans les cascades et les grottes alentours, nous profitons de cette pause pour offrir un peu de notre temps à qui en a besoin. Nous envisagions au départ de rendre visite à l’école locale, mais au mois de juin les enfants sont déjà en vacance et l’établissement est fermé la plupart du temps. Nous nous rabattons donc sur la bibliothèque qui cherche constamment des francophones (ou autre d’ailleurs) pour « donner des cours » de français à des bonzes. Beaucoup de laotiens entrent de bonne heure dans les ordres ; ils y restent un certain nombre d’années avant de faire le choix de la vie monastique ou de la vie civile. C’est pour ces jeunes, souvent issus de famille modestes, l’occasion d’accéder à une éducation car, au-delà de leurs contraintes monacales, ils passent beaucoup de temps à étudier et notamment les langues étrangères. Ainsi, au-delà de leurs cours, ils ont toujours besoin de personnes parlant la langue qu’ils apprennent pour s’entrainer et s’améliorer. C’est aussi l’occasion pour eux de demander certaines choses qu’ils ne demanderaient pas à leur professeur. C’est ainsi que pendant une dizaine de jour, nous avons discuté avec Sing et ses amis désireux d’apprendre le français. Ces échanges sont aussi un bon moyen d’en apprendre un peu plus sur le pays et son fonctionnement tout en se rendant utiles.
 
 
Le temps qu’il nous restait, nous l’avons consacré à la visite des villages d’artisanat voisins. Le marché de nuits regorge d’écharpes en soie finement brodées et de cahiers au papier épais et parfois décoré de feuilles d’arbre. Tous ces produits sont fabriqués dans le hameau d’à coté, situé un plus loin sur le Mékong. Ainsi, si l’on se rend là bas le matin, il est possible de voir les femmes travailler sur leur métier à tisser ou sur leur tamis. Le papier, fabriqué à base d’écorce et fraichement tamisées, est mis à sécher le long des ruelles de terre tandis que la découpe et la fabrication des carnets à proprement dit se fait dans les maisons.  Le tissage de la soie se fait quand à lui dans le jardin, à l’ombre d'un auvent, sur de grands métiers de bois. C’est un art qui se transmet de mère en fille et qui, malgré l’air décontracté des fileuses, doit demander énormément de concentration. Au bout du compte on apprend plein de choses sur les modes de vie locaux, mais on se sent assez mal à l’aise devant tout ça; on a du mal à concevoir pourquoi, aux vues de la peine et des heures de travail passées, les articles sont vendus aussi peu cher sur le marché. Le marchandage fait parti du jeu et il ne faut pas se laisser rouler...  mais rien ne sert non plus de s’entêter à atteindre le prix minimum pour finallement gagner quelques centimes qui pour eux sont importants…
 




Nous étions bien ici entre nos bonzes et nos pagodes, mais il nous faut repartir. Nous devons rejoindre Bangkok pour récupérer Aurélie, une amie qui vient nous rejoindre pour les trois prochaines semaines. Nous repartons donc pour 2 nuits de voyage. Nous redescendons notre montagne direction Vientiane sur la même route pourrie qu’à l’aller. Nous passons une demi-journée dans la capitale, juste le temps de faire un petit tour du centre ville avant de prendre une navette qui nous fait passer la frontière et d’où nous rembarquons dans un autre train couchette thaïlandais direction Bangkok…
 

Hanoi - Luang Prabang: 35 heures de galère

Au départ nous voulions quitter le Vietnam par Dien Bien Phu et continuer en bus au Laos, jusqu’à Luang Prabang, mais, la gérante de notre hôtel à Hanoi nous a conseillé de plutôt prendre un sleeping  bus direct Hanoi / Luang Prabang, qui passe plus au sud mais qui se trouve être plus rapide. Un peu pressés par le temps, nous avons suivi ce conseil: Partant d’Hanoi le 01 Juin à 19h00 et comptant 10 à 11 heures de transport jusqu’à la frontière et encore le même temps jusqu’à Luang Prabang, nous devions arriver à destination le 02 Juin aux alentours de 17h, en ayant passé le trajet sur les banquettes d’un sleeping bus coit disant « VIP ». Ce programme, bien que plus cher que ce que nous avions prévu, paraissait intéressant… Malheureusement rien ne s’est passé comme ça et nous aurions mieux fait de nous en tenir à nos plans initiaux !
 
Dès le départ les choses ont commencé à mal se passer. A peine embarqués dans le bus, nous nous rendons compte qu’il n’y aura pas assez de banquettes pour tout le monde. 46 passagers (sans compter les enfants qui partagent une place avec leurs parents) pour un bus qui compte 35 places, forcement ça pose problème et même si nous avions réservé 10 jours à l’avance, l’un de nous allait devoir dormir par terre, dans une allée large d’une cinquantaine de centimètres, coincé entre deux lits, avec le sac du passager devant lui sur les genoux ; tout cela sans couverture ni oreiller bien sur. Ceci dit, celui sur la banquette n’a pas beaucoup plus de chance, car ces dernières, trop petite, ne permettent pas non plus de s’allonger complètement. C’est donc dans un bus plein à craquer et infesté de bestioles, pliés en deux et immobilisés par des barres de fer de tous les coté que nous prenons la route. Ajoutés à cela les secousses d’une route pas toujours lisse… Ca laisse des traces !
 
 
Le passage de frontière, au petit matin, ne posa pas de problèmes particuliers et il fallut patienter quelques kilomètres pour que les ennuis recommencent. En effet, le bus tomba une première fois en panne au milieu de rien, nous laissant en plan pour une bonne demi-heure en plein soleil. Les mécaniciens bidouillèrent un truc qui nous permit de tenir jusqu’au prochain village où nous nous arrêtâmes une heure de plus afin de faire les réparations nécessaires… Au moins, là il y avait de quoi manger et boire à l’ombre. Nous profitâmes de ce moment pour mieux faire connaissances avec nos compagnons de route et nous apprîmes alors que tous allaient sur Vientiane et non sur Luang Prabang. Pris d’un sérieux doute, nous demandons pour la troisième fois au chauffeur de nous confirmer la destination et nous eurent encore une fois une réponse affirmative « ce bus va bien à Luang Prabang ». Nous continuons donc notre infernal trajet dans ce bus brinqueballant.
 
 
Le clou fut l’arrivée à Vientiane… C’est seulement à ce moment là, après 23 heures de voyage, que le chauffeur nous donne un peu d’argent laotien accompagné d’une lettre photocopiée, rédigée dans un anglais approximatif, qui nous informe que le bus n’ira plus loin et qu’il nous faut aller par nos propres moyens dans une autre gare pour prendre un autre bus pour Luang Prabang. Après une bonne engueulade aussi désagréable qu’inutile, nous traversons la ville dans un tuc-tuc dans l’espoir de pouvoir attraper un bus qui nous emmènera à destination. Heureusement, dans la seconde gare routière, le bus de 19h00 attendait encore. Bien sur, il fallut rajouter un peu de notre poche pour obtenir nos billets (la somme d’argent laissée par le premier chauffeur ne suffisant pas à couvrir tous les frais de transfert) mais nous finirent tout de même par embarquer.
 
 
Nous sommes donc repartis pour 10 heures de voyage, de nuit, assis dans un vieux bus local qui, à défaut d’être confortable, marchait correctement.  Après ce que nous venions de vivre, même avec un moine endormis sur les épaules de JB et une route carrément défoncée, le voyage nous parut reposant. Au final, nous arrivâmes à Luang Prabang à 5 heures du matin, à peine avant le lever des moines...
 
Il nous fallut plusieurs jours pour digérer cette histoire, car, au-delà du fait d’avoir passé un temps fou entassé comme des bestiaux dans un bus crasseux et dangereux, c’est surtout le sentiment de tromperie et de mensonges qui nous insupportait, surtout vu le prix qu’on a payé à la base. Cet épisode entacha notre vision du Vietnam qui, sans cela, n’aurait été qu’une succession de bons moments et de belles rencontres.      

mercredi 17 juillet 2013

Sapa, Bac Ha et les villages ethniques

D’Hanoi nous partons pour une excursion de 2 jours dans la région montagneuse de Lao Cai. Aux portes de la Chine, cette cité constitue le terminus ferroviaire du nord Vietnam et c’est de là que partent ensuite les bus pour Sapa ou Bac Ha.
 
Et oui... en face c'est la Chine
 
Beaucoup de communautés ethniques différentes vivent dans cette région. On retrouve parmi les plus nombreux les Hmong, les Dzao ou les Tay. Mais la répartition de ces peuples ne suit pas les frontières actuelles et l’on en retrouve certains en Chine, au Laos et au nord de la Thaïlande. Pour les ethnologues, ces minorités se caractérisent principalement par leurs origines et leurs appartenances linguistiques. Pour le commun des mortels, c’est principalement leurs vêtements qui permettent de les différencier, surtout celui des femmes, typique à chaque groupe et même sous-groupe. En effet, certaines de ces ethnies sont constituées de sous-famille et les Hmong sont par exemple subdivisés en Hmong noirs, verts, blancs ou fleuris… tout ceci en fonction de la couleur de leur costume. Autant dire que l’art textile est d’une très grande importance ici.
 

Les alentours de Sapa sont surtout habités par les Hmong noirs. Ces derniers vivent principalement de la culture du riz qu’ils cultivent en terrasse à flanc de montagne. Accompagnés d’une petite armée de femmes hautes comme trois pommes, nous partons sous la pluie pour un trek de quelques heures dans cette vallée majestueuse faite de pierre, d’eau et de boue. Nous commençons par traverser les champs de maïs, plantés en haut des collines car moins gourmands en eau, avant de descendre peu à peu dans les rizières. Au mois de mai, c’est la période de plantation du riz, pour une récolte en Aout. Ainsi, les coteaux ne sont pas encore verdoyants comme sur les photos traditionnelles et c’est le ciel gris qui domine, se reflétant sur les eaux stagnantes des terrasses encore vierges. Quelques pousses apparaissent déjà sur les parcelles les plus précoces mais, globalement, le temps est aux travaux de labourage et à la réfection des terrasses. 
 
 



Au cours de cette randonnée, nous traversons quelques villages aussi simples que surprenants. Il n’y a pas toutes les commodités que l’on peut trouver en ville et les rizières qui encerclent ces petites maisons de bois doivent probablement rappeler à leurs habitants la dureté de leur quotidien. Pourtant, les gens ne semblent pas malheureux. Les hommes travaillent aux champs, les femmes aussi quand elles ne s’occupent pas des bébés ou qu’elles ne tiennent pas les boutiques. Et les enfants se regroupent dans les rues caillouteuses pour guider à coup de brindilles un gros buffle placide vers l’étable. A l’exception des jeunes enfants à qui l’on a appris à faire les yeux larmoyants pour apitoyer l’éventuel acheteur, notre défilé touristique ne semble intéresser personnes. Seules nos petites suiveuses restent préoccupées par notre confort… Et pour cause, elles finissent par se jeter littéralement sur nous à la fin du voyage essayant de nous aire acheter quelques broderies. Une marchande par touriste, le compte est bon… Difficile de dire non !
 










 
Ceci dit l’artisanat des Hmong noirs est particulièrement fin. Traditionnellement, les femmes fabriquent elles même leurs vêtements. Teintées de noir et de bleu, leurs habits traditionnels se composent d’une longue tunique resserrée à la taille par une ceinture et d’une jupe. D’autres accessoires tels qu’un chapeau, une écharpe ou des bandes de velours aux jambes peuvent venir compléter la panoplie en fonction de la météo. Tous ces vêtements sont rehaussés de lanières et de broderies vertes, blanches et rouges. Ces dernières sont réalisées à la main, séparément, et cousues au vêtement de manière à le personnaliser. Il ne s’agit pas forcement d’habits d’apparat pour ces femmes et la plupart d’entre elles les portent tous les jours pour aller travailler. Leurs broderies ont d’ailleurs beaucoup de valeur à leurs yeux et elles ont coutume de les réemployer quand l’ancien vêtement est trop usé.
 
On retrouve aussi sur les vêtements Hmong d’envoutantes pièces de tissus bleues embellies de motifs géométrique extrêmement fin, apparaissant en filagramme. En réalité, le dessin  est réalisé en premier, à la cire d’abeille, sur le drap encore blanc. Puis l’étoffe est teinte en bleu avant d’être mise à bouillir pour éliminer la cire. Les morceaux de tissus sont ensuite découpés et apposées sur les habits.
 

 
Ce bleu profond et si particulier est obtenu à partir des feuilles d’indigo. On retrouve des plantations de cette plante un peu partout dans la montagne. C’est la base de la teinture des Hmong noirs. Il suffit seulement d’ajouter des feuilles d’indigo fraiches à la fin du processus de teinture en bleu pour atteindre le noir des vêtements qui a valu son nom à cette ethnie si particulière.
 
 
Que ce soit les vêtements ou les draperies, tout cela est exposé au marché de Sapa. Il est sympathique de se promener dans les rues de cette petite ville entourée de montagne. Bien que l’on soit très proche géographiquement des villages de cultivateurs, on a l’impression d’être ici dans un autre monde. La ville, tout à fait charmante, a sous certains aspects des airs de stations de ski… On s’y sent bien malgré la pluie et nous serions bien restés une ou deux journées de plus pour profiter d’avantages des alentours.
 


A Bac Ha, le grand marché du dimanche est une institution. Les Hmong noirs deviennent minoritaires et ce sont plutôt leurs homologues fleuris qui s’imposent. On les identifie facilement avec leurs costumes aux teintes orangés et aux motifs floraux. Mais d’autres ethnies, plus discrètes, font aussi le déplacement jusque là pour vendre leurs productions.
 
 
C’est un grand Capharnaüm… Ca se bouscule et ça discute beaucoup au devant des étals. Tous les recoins de la ville sont investis et il est plutôt difficile de s’y retrouver au premier abord. Après avoir fait un petit tour on se rend compte qu’il y a tout de même une logique dans tout cela et on commence à prendre ces repères. La place centrale est consacrée aux produits frais et à la nourriture. Autour, ce sont plutôt les stands d’étoffes et de produits artisanaux destinés aux touristes qui dominent alors qu’en périphérie on retrouve les animaux et les outils usuels. On se promène allègrement dans tout ça, toujours guidé par les sons, les odeurs et les couleurs si différentes de chez nous. Dommage que le village soit si loin de Lao Cai… Il nous reste tout juste assez de temps pour aller visiter un autre petit village traditionnel et il est déjà temps pour nous de repartir.
 

Ce week end dans le nord du Vietnam était vraiment magique et très instructif. Pour une histoire d’organisation, nous sommes partis avec un groupe. Mais si nous avions vraiment su tout ce qui nous attendait ici, nous serions venu par nos propres moyens et aurions certainement pris plus le temps de profiter de chaque lieu et de chaque instant ; d’autant plus que la région commence à s’ouvrir et qu’il est très facile d’y accéder et d’y séjourner.