mercredi 12 juin 2013

Ninh Binh et l'Halong terrestre

Nous n’avions pas prévu de passer par Ninh Binh, mais les images de la région mis en avant dans les agences de voyage et la longueur du trajet entre Hué en Hanoi nous ont motivé pour faire une halte dans cette partie du Vietnam.
 
 
Cette région est généralement appelée "Halong terrestre" même si l’on est encore loin de la fameuse baie éponyme. Cette dénomination, probablement inventée pour attirer le visiteur, vient du fait que les paysages des deux sites sont très proches, l’un étant sur la mer, l’autre dans les terres.
 
 
Ainsi, dans les alentours, nous retrouvons les fameux pitons rocheux recouverts de végétation qui font la renommée de la baie d’Halong. A partir du petit village de Tam Coc, nous embarquons sur une petite barque pour une ballade au fil de l’eau, guidée par une vietnamienne qui alterne la rame à la main et au pied. Nous quittons très vite le petit village pour arriver dans les rizières à flancs de montagne. Il est tôt le matin mais déjà les chapeaux coniques des travailleuses dépassent des champs de riz. La rivière n’est pas encore envahie de touristes et les seules embarcations que nous croisons sont celles de ces ouvrières de l’eau qui porte à bout de bras leur récolte jusqu’à la terre ferme. La lumière est douce à cette heure là et, sur les rives, les pics rocheux commencent à peine à sortir de leurs nuées matinales alors que les montagnes au loin baigne encore dans une brume bleutée.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Nous avançons petit à petit, doucement, toujours bercée par les coups de rame de notre guide. De temps à autre, il nous semble nous diriger tout droit dans les parois abruptes de l’un de ces pains de sucre calcaire. Ce n’est qu’au dernier moment qu’un passage s’esquisse sous la roche. Nous nous engouffrons alors dans un tunnel souterrain au plafond bas recouvert de stalactites. Quelques coups de rame plus loin, la lumière réapparait, de plus en plus forte au fur et à mesure que l’heure avance. Les montagnes aux cimes dentelées sont sorties de leur torpeur et exhibent fièrement leurs couleurs verdoyantes. Malheureusement c’est aussi l’heure de l’invasion touristique et les petites barques sont de plus en plus nombreuses sur l’eau. Le temps de négocier quelques inévitables souvenirs avec notre rameuse et nous reprenons le chemin du retour, profitant une dernière fois de ce décor magique aux allures d’estampes.
 
 
Nous profitons aussi de l’occasion pour nous rendre sur le site de l’ancienne capitale impériale de Hoa Lu. Embarqués sur nos scooters, nous traversons la campagne et ses champs ponctuées de temps à autres de petits cimetières "flottants" au dessus des hautes herbes. Nous croisons aussi quelques petits villages d’agriculteurs, bordés de murs en pierres et au milieu desquels sont étalés les grains de riz. Ici pas d’usine, le riz est mis à séché directement sur le sol, sur les places pavés ou sur la route, ne laissant qu’une voie de libre pour la circulation. En ce qui concerne le foin, c’est encore pire puisqu’il annexe la totalité de la rue, sans se soucier du trafic. Des nappes jaunes ou vertes recouvrent ainsi les petites routes de campagne le long desquelles circulent librement les buffles, les chevaux et les cabris.
 


 Hoa Lu ne fut pas capitale très longtemps, mais les empereurs de ce royaume du nord Vietnam avaient bon gout quand au choix de leurs résidences. Il ne reste plus grand-chose de l’ancienne cité, mais les temples et tombeaux qui sont encore debout se dressent au centre d’une vaste plaine encerclée de montagnes aux formes excentriques et au milieu de laquelle coule une tranquille rivière. En plus de cela, les flamboyants sont en fleur, ajoutant quelques touches rougeoyantes à la verdure environnante. Les murs et toitures décrépies des bâtiments ne dénaturent en rien le panorama. Au point de vue architectural, on retrouve ces formes chinoises qui ont inspirés les grandes constructions de Hué et la plupart des temples et pagodes du pays. Ainsi les dragons, perchés en hauts des toits, semblent toujours veiller sur les empereurs et leur descendance.
 



 
Ce n’est pas la pagode de Bich Dong qui dira le contraire. Construit à flanc de montagne ce grand ensemble religieux regroupe plusieurs temples, tantôt bâtis sur des terrasses tantôt cachés dans des grottes. Tous reprennent les mêmes formes de bases et l’on retrouve une fois de plus ces pièces rectangulaires, plus ou moins grandes, ornées du sol au plafond, fermées par des volets orientables qui filtrent la lumière et recouvertes de ces toits incurvées typiques de l’architecture vietnamienne. A l’intérieur les Bouddhas et les esprits sont honorés sur des autels en bois précieux recouvert de dorures et de tissus brodés. Il fait sombre et les rares rays de lumière qui traversent viennent se perdre dans les volutes des fumées d’encens. Il se dégage une atmosphère toute particulière de ces lieux et la ferveur des fidèles et des moines y est presque palpable.
 



On monte ainsi le long de la montagne, passant de sanctuaire en sanctuaires et de Bouddha en Génies jusqu’à une petite terrasse au milieu de laquelle se dresse un tout petit édifice dédié au Bouddha féminin. La vue sur les rizières et les montagnes y est encore un fois splendide.
 
 
En bref, cette halte au cœur du Vietnam fut réellement une bonne surprise. Il ne nous reste plus qu’à voir si la baie d’Halong est aussi magique. Mais avant cela, nous allons passer quelques jours dans la capitale, Hanoi.
 
 

L'impériale Hué

Après deux heures de train le long de splendides paysages côtiers, nous arrivons dans la ville de Hué. Capitale impériale de l’empire d’Annam (actuel Vietnam) entre 1802 et 1945, la cité, du moins son centre historique, est devenue un véritable musée à ciel ouvert. Le long des eaux troubles de la rivière des parfums, se dressent les murailles de la citadelle que l'on traverse par d’étroites portes pauvrement ornées. Il est 13h quand nous arrivons dans la vieille ville. Il fait une chaleur de plomb et seuls les velo-taxis et les marchandes de fruits hantent encore les avenues. Nous traversons alors quelques petites rues bordées de vieilles maisons un peu délabrées et arrivons au pied de l’enceinte du palais. L’entrée se fait par un superbe portique de bois, sur deux niveaux, mais dont la partie supérieure est malheureusement masquée sous des échafaudages.
 

 
 Dans l’axe de la porte, se dresse le palais impérial. La grande bâtisse s’exhibe fièrement au devant d’une grande cour rectangulaire précédée de petits bassins recouverts de lotus et nénuphars. L’architecture du bâtiment reprend les formes traditionnelles vietnamiennes, en plus grand et plus orné. Les piliers de pierres sculptés de dragons volants dans les nuages supportent la grande toiture incurvée et ornée de dragons sur le faîtage. Au dessous, dans l’ombre, une série de paravents rouges entre-ouverts laissent apercevoir les dorures de la salle du trône. Les proportions sont parfaites et le rouge du bois, le blanc des colonnades et l’orange des tuiles luisantes au soleil s’harmonisent tout à fait. La sensation d’ordre qui règne ici trahie les exigences protocolaires du souverain et l’on se représente assez bien les scènes de vie impériales, avec les gardes postés un peu partout, les courtisans et autres quémandeurs patientant dans la cour que l’empereur, assis sur son trône et entouré de ses mandarins, leur donne audience.

 
Derrière, une série de splendides arcades en bois encadre un terrain vague qui, à l’époque, devait accueillir un autre complexe architectural. La citadelle a beaucoup souffert de la révolution de 1945 et un grand nombre de bâtiments ont été détruits ou détériorés à cette époque. Quelques constructions ont été restaurées depuis et les valeurs historiques et architecturales de ces dernières ont encouragé le classement du site au patrimoine mondial de l’Unesco.  Ainsi, beaucoup de personnes travaillent à l’entretient et à l’embellissement des lieux. Mais à l’heure actuelle beaucoup de choses restent à faire et le site se composent alternativement d’aires bâties superbement restaurées, de ruines à l’abandon et de zone de chantier.


Tout ceci procure une étrange sensation, ici, tout ce qui reste  encore debout semble vidé de son âme. On apprécie les formes et les couleurs des portes aux décors de porcelaine brisées, les pavillons aux tuiles scintillantes et les temples enfumés par l’encens tout en sachant que leur raison d’être a irrémédiablement disparue. Tout semble figé. Plus personnes ne vit dans cette enceinte et ces superbes bâtisses qui autrefois accueillaient les empereurs, leurs familles, leurs concubines et toutes leurs cours ne brillent plus que pour les touristes. Il n’y a même pas de petits marchands ambulants pour donner un peu de vie à l’ensemble. Seulement des touristes et des ouvriers qui s’acharnent à maintenir en vie des lieux qui n’ont plus vraiment de destinée…

Les alentours d’Hué regorgent aussi de trésors. Une fois mort, les empereurs se faisaient enterrés avec une partie de leur trésor, au milieu de complexes complètement symboliques  que l’on appelle tombeaux sans que ça en soit vraiment. En fait les tombeaux traditionnels des empereurs consistent en un vaste jardin clos, composé de bassins, de rivière et de buttes recréant symboliquement leur empire, au milieu duquel s’alignent une série de construction, tout aussi allégorique. En premier lieu, nous trouvons un portique, richement décoré, ouvrant sur une esplanade habitées de statues de mandarins, de chevaux et d’éléphants. Devant cette cour, se dresse généralement la stèle funéraire du souverain, gravée de sa biographie. Quelques jardins plus loin, on trouve toujours un temple dédié à la mémoire de l’empereur et de sa famille, et enfin, encore plus loin, on découvre la maison des concubines, qui avaient obligation de rester là trois ans pour honorer la mémoire du maitre des lieux, avant de pouvoir rentrer chez elle. Certain de ces complexes, avant leur usage funèbre, pouvaient aussi servir de résidences secondaires pour la famille impériale au point de devenir de véritable petits villages remplis de pavillons, de temple et de petits bâtiments en tout genre. La tombe à proprement dit de l’empereur se trouve quelque part dans tout ça, mais personne ne sait réellement où exactement, le lieu en étant tenu secret... Un bon moyen de se préserver des pillages !






 



















Les styles architecturaux et les matériaux de constructions changent en fonction des époques, certains empereurs, influencés par le style français, préférant le béton aux constructions de briques et de bois traditionnelles.  Quoi qu’il en soit les sous bois ombragé, parcouru de douces rivières sont tout à fait charmant à traverser et participe à l’atmosphère de paix et de sérénité qui règnent dans ces « tombeaux ».
 




 
On retrouve aussi le même type d’ambiance dans la pagode Thien Mu. La pagode n’a rien de particulier en soi si ce n’est sa grande tour octogonale et sa vue sur le fleuve et la campagne environnante. Même si ce n’est probablement pas le chef d’œuvre de Hué, c’est tout de même un lieu plein de charme.



Le reste de la ville est à l’image des autres villes du pays ; encombrée, bruyante et pleine de vie. Il y a toujours quelqu’un prêt à discuter avec vous et si ce ne sont pas les touristes, ce sont les jeunes étudiants qui essaient d’améliorer leur anglais ou une expatriée anglaise qui cherche de la compagnie pour boire son thé.  Il est parfois dur de trouver un peu de calme dans tout ça, mais après tout, ça fait aussi partie du charme du pays. Et il reste toujours la ballade au bord du fleuve, à la tombée de la nuit, pour se retrouver.  







mardi 4 juin 2013

Da Nang; derniers pas en territoire Cham

Rien de particulier à dire sur Da Nang en elle-même. On retrouve le même cadre et la même énergie qu’à Saigon, avec le coté “bord de mer“ de Nha Trang. Ainsi, sans être désagréable, la ville n’a rien de vraiment exceptionnel à offrir, à part ses lumières, son musée et peut être sa plage (que nous n’avons pas vu).

 
Et oui, nous renouons encore une fois avec la Culture Champa et son Art. A la suite des découvertes archéologique de XIXe siècle, un musée fut construit ici pour étudier et conserver toute la statuaire cham trouvée sur les sites alentours… Une heureuse initiative quand on voit ce que la guerre à fait du reste. Exclusivement consacré à l’art sculpté, ce musée nous permet d’en apprendre encore un peu plus sur les chams et de mieux apprécier la finesse de leur civilisation.
 

 Ce sera globalement notre seule activité ici. Nous quittons alors définitivement les chams pour nous rendre au cœur de l’empire Viêt, à Hué, ancienne capitale impériale.