jeudi 17 janvier 2013

Orange: la fin du rêve australien

Tout avait commencé pour le mieux. Nous avions trouvé notre premier job sans trop de difficultés, nous avions rempli les papiers administratifs dès le lendemain de notre arrivée à Orange et avions commencé à travailler le surlendemain. Tout se passait sans encombre.  La cueillette de cerises n’est pas une activité de tout repos, surtout sous cette chaleur, mais nous trouvions avantage à cette situation et malgré nos douleurs aux mains et au dos, les choses avançaient comme nous l’avions prévu.
 
 

 
Coté logement, nous campions au milieu d’un petit champ isolé, non loin de la ferme, au calme et à l’ombre d’un grand platane. Là aussi nous nous accommodions parfaitement de cet emplacement même si l’abondance des mouches et l’absence de toilettes se révélaient parfois gênantes. Bref, les dix premiers jours à Orange furent difficiles physiquement, mais plutôt agréable pour le reste.
 
 
Les choses ont commencé à se gâter le 29 décembre. La journée semblait pourtant commencer normalement. Comme d’habitude, nous nous étions  levés de bonne heure pour être à la ferme aux premiers rayons du soleil. Cependant, arrivés sur place, les choses ne paraissaient pas se dérouler comme les jours précédents. Alors qu’usuellement tout le monde se ruait bruyamment autour des superviseurs pour s’inscrire et récupérer son matériel de travail, ce matin là, les gens étaient réunis en petits groupes isolés et discutaient gravement. Très vite nous fûmes mis au courant et nous apprenions alors que certaines personnes n’avaient pas été payé depuis plus de trois semaines. Nous avions déjà entendu parler de cela quelques jours auparavant, mais nous n’en avions pas tenu rigueur puisque, pour nous, le jour des paies n’était pas encore passé. Le ton commençât à monter au fur et à mesure que les gens arrivaient. Chacun y allait de son histoire et l’intervention du fermier ne suffit pas à calmer la colère des pickers. Malgré des promesses de virements imminents et des reconnaissances de dettes caduques, les travailleurs quittèrent peu à peu la ferme, laissant les champs de cerisiers vides. Personne ne travaillât ce jour là.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
A partir de là, rien ne s’est plus passé normalement et un combat de longue haleine débutât. Même si nous n’avions pas tardé à trouver un autre employeur, il n’était pas question pour nous de ne pas être payé pour les dix jours que nous venions de faire. Nous nous sommes alors rendus chaque jour de la semaine dans les bureaux de notre ancien patron afin d’obtenir nos salaires. Chaque visite était une surprise… cela pouvait durer une heure ou toute une après-midi. Tantôt nous sortions avec une fiche de paye, tantôt avec des promesses écrites ou orales, parfois même avec des chèques trafiqués que même la banque refusait de traiter… mais jamais avec de l’argent.
 
Au bout de quelques jours, nous avons tout de même réussi à obtenir un premier virement, pour notre première semaine de travail. Il nous fallait toutefois continuer le combat pour le reste et nous continuâmes à nous rendre sur place tous les jours de la semaine suivante. Après maintes discussions et un nombre inconsidéré d’heures perdues, nous finîmes par obtenir un chèque de banque antidaté qu’il nous était impossible d’encaisser avant la fermeture définitive des bureaux de la ferme. Sachant que leur compte en banque n’était pas toujours approvisionné, nous tentâmes sans succès d’obtenir du cash. Il fallut donc nous résigner, laisser le chèque à la banque et quitter Orange sans savoir si l’argent allait être transférer.
 
Ce bras de fer avec notre ancien patron nous vallu un article dans le quotidien local, le Central Western Daily. Pour l'article complet, voici le lien: http://www.centralwesterndaily.com.au/story/1225506/pickers-claim-theyre-owed-money/
 
Entre temps, nous nous sommes trouvé deux compagnons de route. Les heures de revendications du 29 Décembre nous permîmes de sympathiser avec pas mal de personnes. C’est là que nous fîmes la connaissance de Tanguy et Clément, deux backpackers français qui, en plus de travailler gratuitement depuis plus de trois semaines, avaient perdu leur voiture dans un accident de la route. Cherchant comme nous une autre ferme où travailler, nous trouvâmes facilement un arrangement et ils nous rejoignirent le soir du nouvel-an. Tous deux partagèrent alors notre emploi du temps, entre cueillette de cerise dans notre nouvelle ferme et heures d’attente dans l’ancienne. Si notre situation n’était déjà pas simple, la leur l’était encore moins. Non seulement cela faisait trois semaines qu’ils attendaient un salaire, mais en plus les documents les concernant avait été completement égarés. Ralentis dans leurs démarches, ils finirent dans la même situation que nous, avec un chèque pour deux, déposé à la banque le dernier jour avant de partir, sans certitude d’approvisionnement.
 
Heureusement, dans tout ça, nous eûmes quand même de bons moments. Notre réveillon de Noël fut interrompu par un violent orage et se termina sans panache dans la voiture. Il fallut attendre le soir du nouvel an pour se rattraper un peu. Nous passâmes alors la soirée en compagnie de nos voisins de camping, un petit groupe franco-japonais rencontrés au travail quelques jours auparavant. Agrémentée de sushis maison et de vin pas cher, la nuit se passa à la lueur d’un grand feu de camps, autour du coffre de la voiture, au son étrange de « transmusic » underground.
 
 
Après cela, nous avons quitté notre paisible champ pour nous installer au camping du centre ville, équipé de douches et de toilettes. Là nous firent la connaissance de plusieurs backpackers dont un groupe de cinq français de passage avec qui nous passâmes plusieurs soirées.
 
 
La saison des cerises touchait à sa fin et le camping ne tardât pas à fermer. Nous revînmes alors sous notre arbre quelques temps avant de nous en aller à notre tour. C’est donc à quatre que nous quittons Orange. Nous sommes le 12 Janvier, la voiture est pleine à craquer et nous prenons la route dans l’intention de nous rendre à Coffs Harbour, avec au bout du compte, très peu d’argent en poche. 
 
  

2 commentaires:

  1. AVE cousins !
    C'est avec passion que nous avons suivi cet après-midi vos aventures rocambolesques dans la ville d'Orange où l'on ne cueille pourtant que des cerises ! Nous espérons que depuis les choses se sont arrangées et que vos poches sont désormais remplies de dollars australiens. Bastien et Louise sont de passage ce we et nous arpentons joyeusement les vignes enneigées en mangeant de la tarte à la rhubarbe. Affectueuses pensées, Laura et compagnie.

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  2. Coucou ma cousine... Merci pour ce petit mot. Tu peux te rassurer, tout va bien pour nous. Nous n'avons pas encore fait fortune, mais nous nous en sortons pas trop mal. Apres une saison dans les raisins nous voici reparti sur la route. Actuellement nous sommes à Melborne et nous nous appretons a remonter par le desert vers darwin. J'espère que tout va bien chez toi, fait un bisous de ma part aux petites et à bientôt!

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