Nous arrivons à l’aéroport de Sydney avec près deux heures
de retard, il est bientôt 20h et il fait déjà quasiment nuit. Nous errons un
petit moment dans les terminaux vides, le temps de trouver quelques choses à
manger, de retirer un peu d’argent et de réserver une navette qui nous conduira
vers la city. Nous avons réservé une chambre dans une auberge de jeunesse à
Potts Point. C’est le début des vacances d’été en Australie et les hôtels du
centre, du moins ceux dans nos moyens, étaient déjà pleins pour la plupart.
Nous avons donc fait avec ce qu’il restait et avons opté pour un backpacker du
quartier de Kings Cross.
Il est déjà 22h quand nous prenons possession de notre
chambre. La première impression n’était déjà pas géniale, mais le pire restait
à venir… Malgré l’aspect vieillissant de la décoration et les sérieux doutes
sur la totale propreté de la literie et des parties communes, nous ne nous
attendions tout de même pas à tomber nez-à-nez avec des cafards en quête de
nourriture. On se surprend à regretter les hôtels du bout du monde de Bolivie…
Mais qu’à cela ne tiennent, nous sommes là pour une petite semaine et nous
avons beaucoup d’autres préoccupations.
En dehors de cela, le quartier de Kings Cross est très
sympathique. Un peu excentré, c’est là que se concentrent une grande partie des
auberges de jeunesse de Sydney. Les agences de tourismes et de location ont
donc naturellement pris leur quartier ici, au milieu des bars, des restaurants
et des petites épiceries. Le soir, les rues prennent un autre visage. Il y a
toujours autant de monde dehors, mais cette fois ce sont les night clubs
branchés, les bars X et les sex-shops qui se chargent de l’ambiance. Pour
comparer, c’est un peu le Pigalle local. Des populations très différentes se
croisent ici et les jeunes filles en robes de soirées se mélangent aux poivrots
du coin, aux prostituées, aux bookmakers, aux jeunes cadres dynamiques et aux
backpackers de passage. Dans tout ça, la police fait des rondes.
Nos premiers jours dans la ville furent consacrés aux
démarches administratives. Notre ambition était de pouvoir un peu travailler en
Australie. Quand on sait que la moindre heure de parking à Sydney coute 20$AU,
on se rend très vite compte qu’il est très difficile d’y vivre cinq mois sans argent.
Mais pour avoir le droit à un salaire il faut un « tax number »,
ensuite, pour toucher ce salaire, il faut un compte en banque, puis, pour trouver
du travail, il faut un téléphone et enfin pour aller au travail il faut une
voiture… Tout ça fait beaucoup de choses d’un coup, surtout que nous voulons
aussi que la voiture nous serve de maison durant nos pérégrinations. Après une
journée à tourner en rond ne sachant pas par où commencer, nous sommes tombés
sur une agence de location et de vente de véhicules spécialisée dans la voiture
de backpackers. Après une heure de négociation avec le vendeur (francophone en
plus…) nous avons fini par signer pour l’achat d’un wagon Mitsubishi. Moins
cher et plus fiable qu’un van, ce type de voiture permet tout de même de
pouvoir dormir à l’intérieur. Ce n’est
peu être pas l’idéal en termes de place, mais déjà nous avons un toit au dessus
de nos têtes. De là, la machine s’est lancée et nous nous sommes jetés à corps
perdus dans l’administration. Si sur certains points les Australiens sont plus
efficaces que nous, au niveau de la paperasse et des délais, ils nous valent
largement. Ainsi, même si la voiture sera livrée dans la semaine, il nous faut
tout de même rester en ville une quinzaine de jours, le temps d’obtenir nos
« tax number ». Tout ça nous laisse donc du temps pour visiter Sydney
et ses environs.
En attendant notre petite maison sur roues, nous profitons de
la ville. Il fait beau et chaud mais le vent de la mer vient régulièrement
rafraichir l’atmosphère. C’est donc sous un grand soleil que nous nous rendons
à l’endroit le plus connu de Sydney, son opéra. Nous descendons tranquillement
vers les quais en traversant le jardin botaniques et ses variétés de roses aux
parfums enivrants. Nous longeons la baie au milieu des joggers et arrivons en
face du fameux monument. De loin, il ne
nous parait pas si impressionnant que cela. Mais au fur et à mesure que nous
nous approchons, il change d’aspect et révèle toute sa splendeur. Finalement,
nous nous trouvons bien petit aux pieds de ces grandes vagues metalliques qui défient
l’océan. Nous nous noyons dans la foule et remontons l’esplanade jusqu’au
quartier de « the rocks », le plus vieux quartier de Sydney. Les
galeries d’art et les restaurants ont pris la place des entrepôts et des
manufactures, mais les bâtiments et les rues pavées ont gardées leur charme
d’autrefois. Les gros piliers de l’Harbour bridge servent de limites à notre
découverte du sud de la ville et nous remontons vers notre hôtel par les
immenses buildings du quartier des affaires et par les rues commerçantes du
centre ville, toutes parées aux couleurs de Noël malgré la température ambiante.
Il règne ici comme un petit air de New York et il est facile de faire le rapprochement avec Central-Park, les quais de Battery Park, le quartier historique du Lower-Manhattan, le Brooklyn Bridge, le Financial-District et la 5th avenue. Mais, même si les rues sont aussi saturées que dans la grosse pomme, la vie parait plus sereine à Sydney. Probablement que le climat, la couleur azure de l’eau et la hauteur réduite des buildings participent à adoucir les traits de la métropole !!!
Une après-midi plus tard, nous voici à Padington. Au milieu
des petites maisons traditionnelles aux balcons de dentelles et aux murs
colorés. Réputé surtout pour ses boutiques de mode et ses galeries d’Art, ce
quartier huppé du nord de la ville se distingue aussi par ses grandes
librairies ouvertes jusqu’à tard le soir. Une excellente occasion de refaire le
plein de carnets.
Nous finissons notre visite de Sydney par le musée. Après un
premier contact avec la culture aborigène et sa passionnante mythologie, nous
montons à l’étage, à la rencontre des espèces endémiques. Les salles de la Surviving
Australia Exhibition, nous renseigne sur les différentes formes animales qui
peuplent l’Australie. C’est là que nous apprenons, sans une certaine appréhension
que nous sommes susceptibles de croiser l’une des vingt espèces de serpents les
plus mortels de la planète. Voilà qui s’annonce de bons augures pour nos
randonnées en pleine nature et pour le camping sauvage. Exposition très intéressante,
mais pas très rassurante. Heureusement les oiseaux, les kangourous et autres
koalas semblent beaucoup plus dociles (et beaucoup plus beaux en plus)…
Ca y est, après une semaine d’attente, nous prenons
possession de notre voiture. Dernière formalités au bureau des immatriculations
et nous voilà les heureux propriétaires d’une Mitsubishi Magna de 2003,
affichant 264 000 km au compteur (ce qui n’a rien d’exceptionnel pour l’Australie !).
Par contre, toujours pas de carte bancaire, ni de Tax Number, nous ne pouvons
donc pas encore quitter totalement Sydney. De plus, même si la voiture est
équipée d’un matelas et d’affaires de camping, nous n’avons pas de draps, ni de
couvertures ; une petite séance de shopping à Ikea s’impose donc avant de
partir. Malheureusement, il est déjà tard et les magasins sont pour la plupart
fermés. Nous passerons donc notre première nuit dans le coffre de notre voiture
avec comme seule couverture nos draps de soie.