Après une journée de route à travers les Blue Mountains et à
la recherche d’un camping gratuit, nous décidons de nous arrêter dans le petit
village de Broke, au cœur la région viticole de l’Hunter Valley, à quelques
heures au nord de Sydney. Là, après avoir discuté avec quelques gens du coin,
nous apprenons que la saison des vendanges est sur le point de commencer. Les
différents vignobles sont en train de préparer leur liste de vendangeurs et le
travail devrait débuter dans la semaine qui suit… Plutôt que de continuer notre
route plus au nord à la recherche d’un hypothétique emploi, nous décidons donc
de rester là : Si nous ne trouvons pas de job dans les nombreux resorts de
la région, nous aurons au moins de quoi gagner un peu d’argent dans la récolte
du raisin.
Nous nous installons donc dans la petite ville de Cessnock, le temps de voir venir. A Orange, nous avions campé quelques temps sur le
showground de la ville, alors mis à la disposition des backpackers. Sur cet
exemple, nous tentons notre chance sur celui de Cessnock. Déjà quelques
caravanes sont installées là, sur les pelouses autour de l’hippodrome qui sert
aussi de terrain d’entrainement pour des courses de lévriers, mais pas de
tentes ni de vans. C’est alors que nous rencontrons John et Donna, les
superviseurs du site. Nous ne pouvions pas mieux tomber : Ce couple
d’australiens nous a accueillis à bras ouvert, nous donnant non seulement le
droit de nous installer sur le terrain municipal pour une somme modique par
rapport aux autres campings de la ville, mais nous aidant aussi à nous
installer le plus confortablement possible. Ainsi, après nous avoir fourni une
table, des chaises, une lampe et un auvent pour nous protéger du soleil, ils
nous ont aussi donné accès à leur congélateur afin que nous puissions toujours
avoir de la glace pour nos glacières. Les choses se présentaient plutôt bien,
nous incitant à rester plus longtemps dans la région malgré le peu d’intérêt
que présente la ville en elle même.
N’ayant pas de réponses à nos CV de la part des hôtels, nous
nous sommes alors mis à la recherche d’un job dans les différents domaines
viticoles. De notre coté, nous avions réussi à toucher l’argent de notre
dernier emploi à Orange, mais, pour Tanguy et Clément, leur chèque avait été
refusé par la banque et il devenait urgent pour eux de trouver un job.
Finalement, ce sont nos voisins de camping qui nous ont offert notre meilleure
opportunité. Originaires de Nouvelle-Zélande, ils avaient l’habitude de venir
chaque année faire les vendanges pour Tyrrell’s, l’un des vignobles les plus
anciens et les plus réputé d’Australie. Ce sont eux qui nous ont introduits
auprès de Gayle, la manager des vignes et, après une journée de test pour deux
d’entre nous et quelques négociations, nous finissons par nous faire embaucher
tous les quatre. Au bout d’une semaine de battement, les choses prenaient enfin
forme et nous recommencions enfin à travailler. Là dessus, John venait nous
voir de temps en temps pour nous offrir des bières, du rhum ou du wisky pour
nous rafraichir après nos premières journées de travail… D’autre fois, c’était
nous qui venions les visiter le soir avant le repas, histoire de faire plus
connaissance. Tout allait bien…
Au bout d’une semaine de travail, sans que nous n’ayons rien
demandé, John et Donna nous invitèrent à passer l’Australian Day avec leur
famille au bord d’un lac, à pique-niquer, se baigner et faire du bateau. Ce fut
pour nous l’occasion de nous imprégner un peu plus de la culture australienne
tout en nous amusant. C’est fou ce qu’une bouée tirée par un bateau peut être
amusante…
Tout allait pour le mieux quand la météo commença à faire
des siennes. Depuis notre arrivée, le temps n’était déjà pas très stable, se
partageant entre chaleurs extrêmes, feux de bush et violents orages. Mais voilà
qu’après deux semaines mitigées, un ouragan traversa le nord du pays, déversant
des trombes d’eau continues sur nos têtes et nos vignes. Pour nos têtes, le
problème fut vite réglé puisque John et Donna nous ouvrirent les portes de leur
hangar avant que nos tentes, de moins en moins protégées par la pauvre bâche,
aient complètement pris l’eau. Mais pour
ce qui est des vignes, les choses furent beaucoup plus compliquées. Déjà par
temps sec, la cueillette du raisin n’est pas forcement une partie de plaisir,
mais avec un sol détrempé, ça devient carrément infernal. 25cm de boue dans les
allées, des vignes trempées et des raisins pourris ne facilitent pas vraiment
la tâche. Seul bon coté… le sol est trop meuble pour faire passer les machines,
du coup tout doit être fait à la main, ce qui veut dire plus de travail pour
nous, donc plus d’argent.
Une fois de plus nous voici dans les médias... Cette fois si c'est la TV qui s'interrèsse à nos conditions de travail. Petit reportage sur les vendanges chez Tyrrell's après le passage de la tempête: http://www.abc.net.au/news/2013-02-13/wine-worry/4516656
Cependant, la maison Tyrrell’s reste une entreprise
reconnaissante et la bonne humeur de l’équipe
contribue à faire oublier la dureté du labeur. Les barbecues organisés
par ou chez Tyrrell’s, ainsi que la visite des caves et la séance de
dégustation permettent de se détendre tout en faisant d’avantage connaissance
avec les membres de l’équipe.
Cet esprit festif dépasse même le cadre
« professionnel » et, régulièrement, nous retrouvons chacun, collègues
ou patrons, au cours de soirée organisées à droite ou à gauche. La saison se
finit dans cette ambiance chaleureuse où tout le monde est fatigué, mais
content !!!!
Au bout de quatre semaines de travail, les campings et le
showground commencent à se vider, tout le monde repartant sur la route. De
notre coté, nous décidons de rester un peu plus longtemps car il nous reste quelques
petites choses à terminer. En effet, nous devions faire pour John et Donna une série
de 5 affiches pour marquer les stands de la prochaine fête foraine. Quelques
jours de plus nous sont alors nécessaires pour finir correctement ce travail.
Quelques collègues, en peine avec leur voiture, sont aussi obligés de rester à
Cessnock plus longtemps que prévu. C’est alors l’occasion de se retrouver une
dernière fois entre français, sur le marché du showground, a tenter de vendre
des pâtisseries et des crêpes aux familles australiennes. Les recettes ne sont
pas énormes, mais au moins les moments passés sont inoubliables.
29 février 2013, cette fois ça y est, les problèmes
mécaniques de chacun sont réglés et les œuvres d’art sont terminées... Notre
étape d’un soir qui aura duré 5 semaines touche à sa fin et nous nous préparons
à reprendre la route, la tête pleine de souvenirs. Nous pensions prendre la
direction du nord, vers Brisbane, mais le temps ne s’est pas vraiment arrangé
là haut et nous préférons aller chercher le soleil sur la cote sud. C’est donc
en direction de Melbourne que nous partons, toujours accompagné de nos deux
acolytes, Tanguy et Clément.
C’est avec le cœur aussi lourd que la voiture que nous
quittons John et Donna. Nous laissons dernière nous les vignes vides et nos
nouveaux amis du showground pour d’autres aventures. Peut être reviendrons nous
à la fin de notre boucle les saluer et assister une dernière fois à une course
de lévriers….